Violence entre partenaires intimes et lésions cérébrales

La violence entre partenaires intimes (VPI) est la violence physique, psychologique et verbale d’un partenaire intime ou d’un proche. C’est un problème de santé publique mondial qui peut toucher n’importe qui.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, une femme sur trois sera victime de violence conjugale au cours de sa vie. La plupart d’entre elles peuvent également subir une ou plusieurs lésions cérébrales en conséquence, puisque la violence entre partenaires intimes  implique souvent des coups au visage, à la tête et au cou. La perte d’oxygène dans le cerveau causée par l’étranglement peut également causer des lésions cérébrales. Souvent, ces blessures résultent d’épisodes répétitifs de violence entre partenaires intimes qui se produisent sur de nombreux mois ou années.

Bien que l’accent ait toujours été mis sur les lésions cérébrales liées aux sports, les lésions cérébrales causées par la violence entre partenaires intimes reçoivent beaucoup moins d’attention.

Statistiques sur la violence entre partenaires intimes

  • Au Canada, tous les deux jours et demi, une femme ou une fille est tuée par la violence, habituellement par un partenaire de sexe masculin ou un membre de la famille [1], et chaque soir, plus de 6 000 femmes et enfants trouvent refuge dans les refuges contre la violence fondée sur le sexe [2]
  • 35 à 80 % des femmes victimes de violence entre partenaires intimes présentent des symptômes de lésions cérébrales [3]
  • Jusqu’à 92 % des incidents de violence entre partenaires intimes impliquent des coups à la tête et au visage, et l’étranglement [4]
  • L’étranglement est l’une des formes les plus dangereuses de violence entre partenaires intimes, augmentant de 748 % le risque de décès à la suite d’agressions [5]
  • Certaines victimes peuvent mourir des semaines après avoir été étranglées, à cause des lésions cérébrales sous-jacentes, même s’il n’y a pas de blessure visible [6]

Renseignements statistiques sur la violence entre partenaires intimes recueillis et déclarés par le gouvernement du Canada.

Un problème invisible et sous-signalé

La violence entre partenaires intimes a tendance à se produire derrière des portes closes, et il se peut qu’il n’y ait pas de signes évidents à l’extérieur du ménage. Les lésions cérébrales sont souvent tout aussi invisibles, causant des symptômes et des difficultés qui durent toute la vie, mais sans signes extérieurs d’incapacité. Les cliniciens ne posent pas non plus de questions sur la violence entre partenaires intimes dans leur pratique.

La violence entre partenaires intimes est également extrêmement sous-déclarée, et ce, pour diverses raisons, notamment :

  • La honte et la stigmatisation associées à la violence entre partenaires intimes;
  • La peur de ne pas être crue;
  • Le désir de garder la famille unie;
  • Le manque de reconnaissance de ce qui constitue de la violence, qui amène les victimes à penser que la violence est normale

Beaucoup de femmes qui ont subi une lésion cérébrale causée par la violence entre partenaires intimes ne savent même pas que les défis auxquels elles font face y sont liés, ce qui fait qu’il est beaucoup plus difficile de recevoir un diagnostic ou un traitement en temps opportun. De plus, des recherches menées au Canada et ailleurs ont démontré que les fournisseurs de services de première ligne n’ont pas les connaissances, la formation et la sensibilisation nécessaires au sujet des lésions cérébrales [7]. C’est une situation difficile et terrifiante. Le soutien des amis, de la famille et des ressources locales peut faire toute la différence, même si, dans certains cas, les femmes manquent de soutien familial.

Effets de la violence entre partenaires intimes  et lésions cérébrales

La violence entre partenaires intimes et les lésions cérébrales peuvent causer des problèmes importants à long terme, mais lorsqu’une personne subit les deux, les effets peuvent s’intensifier et devenir plus complexes.

La violence entre partenaires intimes est liée à un traumatisme psychologique durable. Les troubles émotionnels comme le trouble de stress post-traumatique complexe (TSPT), l’anxiété et la dépression sont courants.

Les survivants de lésions cérébrales peuvent souffrir des mêmes problèmes, ainsi que d’un éventail de changements cognitifs, physiques et comportementaux.

Les effets des lésions cérébrales peuvent comprendre :

  • De la difficulté à communiquer
  • Des problèmes de mémoire
  • Une capacité de jugement et de résolution de problèmes réduite
  • Une durée d’attention réduite et de l’incapacité à se concentrer
  • L’incapacité d’effectuer des tâches ou des activités
  • Des maux de tête
  • De la fatigue

Il s’agit d’une courte liste des effets que les personnes atteintes de lésions cérébrales peuvent ressentir. Et elle peut être aggravée par la cause de la lésion cérébrale (ou des blessures). Dans une étude sur les anciennes combattantes, les résultats ont révélé que les femmes qui présentaient des symptômes persistants de lésions cérébrales liés à la violence entre partenaires intimes étaient près de six fois plus susceptibles de subir un TSPT que celles qui n’avaient pas d’antécédents de lésions cérébrales liés à la violence entre partenaires intimes [8].

Les lésions cérébrales et la violence entre partenaires intimes peuvent aussi affecter les activités de la vie quotidienne, le rôle parental, les rendez-vous et les procédures judiciaires. Cela peut être décourageant et effrayant, surtout pour les femmes qui sont chefs de famille monoparentale ou qui négocient la garde de leurs enfants. Plus les survivantes, les membres de la famille et les amis, les travailleurs de la santé et d’autres fournisseurs de services (comme les avocats et les travailleurs sociaux) comprennent les effets des lésions cérébrales, plus le soutien offert est approprié.

Malheureusement, les survivantes de la violence entre partenaires intimes et les fournisseurs de soins confondent souvent les symptômes des lésions cérébrales avec la détresse émotionnelle causée par la violence [9]. C’est pourquoi la recherche et les ressources éducatives sur les lésions cérébrales et la violence entre partenaires intimes sont si importantes.

Risque accru de violence entre partenaires intimes envers les personnes handicapées

Dans l’ensemble, les femmes et les hommes handicapés présentent un risque plus élevé de violence, y compris de la part de partenaires intimes.

Selon Statistique Canada, « les Canadiens ayant un handicap étaient plus susceptibles d’être victimisés chez eux, puisque près de 30 % des incidents violents contre une personne handicapée ont lieu dans leur résidence privée » [10]

L’étude va plus loin, indiquant que 23 % des femmes handicapées « ont été victimes de violence ou d’abus émotionnel, financier, physique ou sexuel commis par un partenaire actuel ou un ancien partenaire » sur une période de cinq ans. Ce taux est deux fois plus élevé que celui des personnes sans incapacité. Les femmes handicapées étaient également plus susceptibles d’être victimes de violence physique entraînant des blessures [11].

Pour les personnes ayant une incapacité (lésion cérébrale ou autre), le risque accru de violence physique peut mener à une nouvelle blessure. Cela pourrait entraîner un risque encore plus élevé de violence, ce qui donne naissance à un cercle vicieux.

Il s’agit d’un autre indicateur qui est essentiel pour les femmes victimes de lésions cérébrales et de violence entre partenaires intimes.

Évaluation par un médecin

Si vous-même, ou quelqu’un que vous connaissez, avez été frappé à la tête, au visage ou au cou, ou avez été étouffé ou étranglé, il est important d’obtenir des soins médicaux dès que possible et de demander aux fournisseurs de soins de santé de chercher des signes de lésion cérébrale. Si vous n’êtes pas en mesure de voir un professionnel de la santé, parlez à un travailleur social, à un travailleur de soutien dans un refuge ou à un travailleur de soutien aux victimes de lésions cérébrales.

Plus tôt une lésion cérébrale est diagnostiquée, plus tôt un plan de traitement peut être mis en place. Lorsque vous rencontrez un médecin, il est important de lui dire si vous avez déjà été frappé à la tête ou au cou.

Les signes d’une blessure récente ou plus grave comprennent:

  • Des pertes de conscience
  • De la douleur au cou
  • Des crises épileptiques
  • Des changements de vision
  • Des vomissements
  • De la faiblesse ou un sentiment de picotement ou de brûlure dans les bras ou les jambes [12]

D’autres signes de lésion cérébrale peuvent comprendre, sans toutefois s’y limiter :

  • Des problèmes d’équilibre
  • Des maux de tête
  • De la labilité émotionnelle
  • De la fatigue
  • Des problèmes de mémoire
  • Des troubles du sommeil
  • De la difficulté à parler

Traitement des lésions cérébrales

Le traitement des lésions cérébrales et de leurs effets peut être difficile, non seulement parce qu’elles sont souvent mal diagnostiquées, mais aussi parce que les personnes qui se trouvent dans des refuges temporaires ou des logements de transition ne peuvent pas avoir accès aux soutiens et aux services dont elles ont besoin pour une réadaptation efficace. La réadaptation est un processus à long terme qui comporte des rendez-vous réguliers avec divers thérapeutes et des examens médicaux.

Il est important pour la santé et le bien-être de la personne d’avoir accès à des soutiens et à des services appropriés pour l’aider à se rétablir d’une lésion cérébrale. Votre association locale des lésions cérébrales est un bon point de départ.

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